Félix Ziem découvrit Venise en 1842. Ce fut un coup de foudre qui poussa le peintre à y revenir régulièrement (parfois deux fois par an) jusqu’à sa mort, en 1911. «Beau ciel, lagunes polies et silencieuses où j’ai rêvé le beau», écrivait-il le 18 novembre 1879 dans son journal. En 1847, le peintre s’est même installé un atelier sur un «topo», un bateau à fond plat. Sa manière revisite celle des védutistes, Canaletto ou Guardi, par sa touche impressionniste et sa lumière irradiante, qui signe ses compositions féeriques. Cette grande toile se distingue par sa mise en page. Au premier plan, dans une belle perspective, l’on découvre la vie animée des quais puis l’eau aux troublants reflets, pour enfin admirer les monuments célèbres de la Sérénissime que sont la place Saint-Marc et la coupole blanche de Santa Maria della Salute. Sans oublier le ciel dans son immensité, qui règne sur une belle moitié de la toile : une audace digne de celui qui insuffla un style nouveau à la peinture orientaliste. Inspiré tant par Jongkind que par Turner, Félix Ziem aura en effet marqué son temps. Homme solitaire et excentrique, il a connu un parcours atypique qui le mena de sa Bourgogne natale à Venise, en passant par la Turquie et la Russie. Son œuvre, en adéquation avec l’esprit éclectique et curieux de la seconde moitié du XIXe siècle, trouva sans mal son public. Il ne peignit pas moins de six mille toiles, et fut le premier artiste vivant à entrer dans les collections du Louvre, en 1910.
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